« Les balises sur la multiple citoyenneté dans la Constitution révisée arrivent à point nommé », selon le Pr Steve De Cliff
Le professeur burundo-canadien Steve De Cliff qui enseigne la
Chimie à l’Université du Burundi estime que « certains n’ont pas
compris le sens ou la portée » de l’article 34 sur la multi nationalité
dans la nouvelle constitution. Son analyse.
Une précision du professeur: « La nouvelle constitution révisée n’exclut personne, même pas ceux qui ont la multiple citoyenneté ».
Pour lui, la disposition de l’article 34 permet à celui qui aspire à
l’un ou l’autre des postes de souveraineté visés par les articles 98(2),
139(2), 176(3), 188(2) de devoir, au préalable, renoncer aux
citoyennetés qu’il a « en trop » pour n’en garder qu’une, c’est-à-dire
la nationalité burundaise, « surtout qu’on peut renoncer aux autres nationalités, juste durant la période des fonctions concernées! »
Le professeur trouve que cette balise est « tout à fait logique et raisonnable ». Il s’interroge : « Comment
est-ce que le Président de la République, qui est le garant de la
souveraineté nationale, peut-il être en même temps citoyen burundais et
citoyen d’une autre nation souveraine? Est-il possible de défendre en
même temps des intérêts souverains de deux pays pouvant être
mutuellement incompatibles ? » . En guise d’exemple, il revient sur
le cas de litiges entre pays africains et leurs anciennes tutelles
coloniales : les fameux contrats miniers et pétroliers, les bases
militaires, etc.
D’après toujours le professeur De Cliff, il en est de même avec les
présidents de l’Assemblée Nationale et du Sénat: le premier remplace le
Président de la République en cas de vacance inopinée de ce poste en
cours de mandat, le deuxième dirige une institution qui valide
l’accession à tous les postes de souveraineté comme le service national
des renseignements. Quant au premier ministre, « il est le bras droit du Président de la République », poursuit-il.
Des balises qui arrivent à point nommé
Selon le professeur, « ces balises arrivent à point nommé » ; avant de renchérir : « C’est
d’ailleurs ce qui aurait dû être fait en 2005. On aurait dû d’abord
demander à Gervais Rufyikiri et à Pie Ntavyohanyuma de renoncer d’abord à
leur nationalité belge avant de les propulser aveuglement à ces postes
de haute souveraineté ».
Le professeur termine son analyse en indiquant que contrairement à ce que certains pensent ou veulent faire croire «
le parti au pouvoir est bel et bien conscient du rôle de la diaspora
burundaise dans la lutte pour la démocratie et le développement
économique de leur pays ainsi que du rôle que certains ont joué dans le
passé et continuent à jouer même maintenant ». Et de souligner qu’il n’y a aucun article dans l’actuelle constitution de 2005 qui consacre la citoyenneté multiple. « La nouvelle constitution révisée a au moins le mérite d’y faire allusion ».
Une petite pointe de sa part à ceux qui font circuler une liste « farfelue » de personnalités devant perdre leurs fonctions aussitôt la nouvelle constitution promulguée : « Ceux
qui sont en train de propager des rumeurs comme quoi la nouvelle
constitution révisée exclut ceux qui ont la nationalité multiple n’ont
d’autres visées que de chercher à diviser les Burundais ».
25 December 2017 12:10
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