Une nouvelle session du dialogue
interburundais de sortie de crise s’est ouverte mardi à Arusha dans le
nord de la Tanzanie. Mais selon certains diplomates, les négociations
ont peu de chances d’aboutir.
Mardi 2 décembre, une nouvelle session du
dialogue burundais de sortie de crise s’est ouverte à Arusha, dans le
nord de la Tanzanie. Cette session à huis clos a pour ambition d’aboutir
à la signature d’un accord le 8 décembre en présence des chefs d’État
de la Communauté des états d’Afrique de l’Est (EAC), selon un programme
distribué aux délégués par le médiateur dans cette crise, l’ancien
président tanzanien, Benjamin Mkapa. Les délégués sont censés négocier
autour de huit points incluant « l’engagement à mettre fin à toutes les
formes de violences », l’application de l’accord de paix d’Arusha qui a
ouvert la voie à la fin de la guerre civile (1993-2006), la mise en
place d’un « gouvernement d’unité nationale ».
« Les négociations sont une volonté
nationale, une volonté du gouvernement burundais de répondre au désir de
la communauté internationale, ainsi que des opposants », estime
l’ambassadrice du Burundi, Christine-Nina Niyonsavye, au micro de France
24. « On veut que le dialogue se passe pour que les relations avec la
Belgique, la France et l’Union européenne puissent reprendre », affirme
l’ambassadrice.
Cependant, selon plusieurs diplomates et
participants, les chances d’aboutir sont mitigées. Selon un diplomate
cité par l’AFP, le niveau du représentant envoyé par le Burundi, le n°2
du ministère de l’Intérieur, Thérence Ntahiraja, n’augure pas de
discussions fructueuses. « Il envoie un homme de second plan comme pour
dire, il ne faut rien attendre de cette session », souligne-t-il.
Pour rappel, le Burundi est en crise
depuis que le président Pierre Nkurunziza a annoncé en avril 2015 sa
candidature à un troisième mandat, obtenu en juillet de la même année.
Absence de l’opposition en exil
Même si ces discussions sont présentées
comme « totalement inclusives » par l’équipe du facilitateur, le Cnared,
une plateforme regroupant l’opposition en exil, n’y est pas présente.
Après des mois de blocage car il refusait
de s’asseoir à la même table que le Cnared, le gouvernement aurait
obtenu l’exclusion de nombreux membres de cette plateforme d’opposition
ainsi que de la société civile, selon le même diplomate. Le Cnared a dès
lors appelé ses membres invités à boycotter cette session. Seule une
dizaine de membres de l’opposition qui ne se sont pas exilés participe à
ce dialogue.
Pas d’union nationale
Dès lors, difficile d’imaginer la mise en
place d’un « gouvernement d’unité nationale » que sont censés négocier
les délégués. D’ailleurs, Christine-Nina Niyonsavye l’exclut totalement,
soulignant que le gouvernement actuel tient sa légitimité des dernières
élections : « Le gouvernement d’union nationale ne se fait que par les
urnes », insiste-t-elle. « Pas de participation aux élections, pas de
participation au gouvernement », conclut-elle.
Les violences qui ont suivi et au sujet
desquelles la Cour pénale internationale a ouvert une enquête, ont
depuis fait de 500 à 2 000 morts, selon les sources (ONU et ONG), des
centaines de disparitions forcées et de tortures, et ont poussé à l’exil
plus de 400 000 Burundais. L’ONU impute l’écrasante majorité de ces
atrocités aux autorités burundaises.
Bujumbura a adopté fin octobre un projet
de révision de la Constitution qui pourrait permettre au président
Pierre Nkurunziza de briguer dès 2020 deux nouveaux mandats de sept ans.
Un haut responsable burundais a assuré à l’AFP que Bujumbura « refuse
catégoriquement que la question de la Constitution soit évoquée » dans
les discussions débutées mardi.
Avec AFP, 02/12/2017, http://www.france24.com
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