2017 : JOURNAL D’UN PATRIOTE
Contribution à l’intronisation de Nkurunziza I
ou
la Taxe Koma Musosi.
Une sympathie populaire imposée
Pour
faire face aux sollicitations du souverain et sa volonté d’être
intronisé en 2020, le ministre d’un gouvernement illégal vient
d’instaurer par voie d’ordonnance
une contribution de la population aux élections de 2020. Peut-être
est-il bon de rappeler qu’en février 2018, un pseudo-évènement électoral
est prévu
pour couronner une politique fiction qui ne présente guère un intérêt pour les citoyennes et les citoyens du Burundi.
Ce référendum coûte très cher à l’économie catastrophique du Burundi. Mais pour légitimer
cette
constitution prêt-à-porter, la mention
souveraineté nationale doit être gravée et
fondée sur
une sympathie populaire imposée. Là où le bât blesse, c’est que ce régime illégal, par sa nature et despotique par son fond,
vient de créer un nouvel impôt qui doit servir à enraciner
«la servitude la plus étendue et la plus brutale » que le Burundi ait jamais connu.
La taxe du bourreau
De quoi parlons-nous au juste, d’une taxe, d’un impôt ou d’une contribution ?
Sans
aucune humanité, cette ordonnance injuste et illégale distingue 3
catégories de contributeurs qu’elle a planifiée de dépouiller.
- Le Citoyen non-salarié à qui une somme que nous pouvons appeler prélèvement est fixée mais «cette contribution n’a pas de caractère obligatoire, elle sera guidée par la volonté du Citoyen»: une contribution.
- Le Citoyen fonctionnaire qui est obligé de verser un pourcentage de son revenu. Aucun salarié d’un appareil étatique ou paraétatique et aucun mandataire ne peut y échapper: un impôt.
- Les Autres, ce sont les personnes morales (asbl, entreprises…) et les personnes physiques (commerçants) à qui l’ordonnance propose de verser un don gratuit par patriotisme ou plutôt pour se faire protéger et s’attacher à la seigneurie du Système Nkurunziza: une taxe.
Selon l'ONU, un individu est dit en
état de pauvreté
absolue quand il n'a pas les moyens de se procurer un « panier » de
biens considérés comme indispensables à sa survie. Selon les estimations de l’ONU, 4/5 de la population burundaise est en situation de pauvreté absolue. Pour la Banque
Mondiale, le seuil de pauvreté absolue a été atteint. Alors, croit-on vraiment que l’on peut exiger des nouvelles
taxes à l’infinie?
des rackets d’etat organisés
Imaginez
que vous êtes résolument libres et que la lumière des nébuleuses
semaines de prière, cette grâce présidentielle, imposées dans un pays
laïc (eh oui, constitutionnellement
le Burundi est un pays laïc !) décide de légiférer une imposition qui
porte préjudice à la société toute entière.
Qu’importe
diriez-vous puisque tout le monde est logé à la même enseigne au
Burundi comme à cette période de l’histoire de l’Europe, à savoir le
Moyen Âge,
où une taxe seigneuriale était prélevée par un seigneur sur ses
habitants.
De prime abord,
critiquer l’ignare despote serait de l’insubordination car vous serez désigné la femme ou l'homme à abattre comme «ennemi», comme «traître» !
Pensez-vous
un seul instant que dans un régime oppressif comme celui de Bujumbura,
qu’un agriculteur, père de plusieurs élèves qui prend en charge ses sept
frères et
sœurs en travaillant sur le petit lopin de terre familiale puisse
protester contre un procédé auquel un montant a déjà été soumis par
ordonnance en fonction de sa pauvreté absolue et de son statut social ?
Par
courtoisie ou plutôt pour éviter les processus de brutalisation
programmés par la milice Imbonerakure, il paiera pour ses enfants ainsi
que ses frères et sœurs.
Ainsi, au prix d’une souffrance inouïe, ce citoyen non salarié se précipitera pour verser sa contribution à l’esprit malicieux. Et n’y voyez nullement
l’effet d’un terrorisme d’Etat mais plutôt une façon très saine d’exorciser son angoisse psycho-sociale. Ne polémiquons pas sur les mots, s’il vous plait !
Croyez-vous
vraiment que le salarié surendetté, qui peine à joindre les deux bouts
de la première semaine du mois tout en s’occupant de ses enfants,
apprécie de voir son revenu imposé deux fois ? En sus des autres
taxes arbitrairement versés au parti dominant,
un don patriotique prélevé au détriment de ses enfants qui meurent de faim est, bien évidemment, accueilli avec
un grand sourire traditionnellement patriotique. Ben voyons,
« si je n’ai pas la charité, je ne suis rien », chantera-t-il en empruntant gaiement la route vers la servitude.
L’épreuve des
Autres, c’est-à-dire
les asbl, les entreprises et les commerçants, est
le
droit de Havage made in Tanganika. En fait, le droit de havage était
une taxe étroitement liée à la fonction de bourreau. Ce droit seigneurial permettait aux bourreaux (les
exécuteurs de justice, mal-aimés du peuple) de
prendre ce que la main pouvait en contenir. Ainsi, les sangsues politiques
du régime illégal viennent de décider de mesurer la ferveur patriotique des Autres en instituant des rackets d’Etat appelés «contribution patriotique».
L’Etat en faillite suite à
une insolente et irresponsable gouvernance privée ainsi que sa milice pourront
réclamer autant que leurs mains peuvent en prendre
ou à emplir leurs panses insatiables c’est juste une question de bon sens (pseudo)patriotique. Lamentablement, pour
ne pas subir les
foudres du régime de Nkurunziza qui veut lever des fonds pour produire
sa mise en scène électorale de 2020, tout ce beau monde ravivera-t-il sa
flamme patriotique en devenant
coproducteur de la future tragédie démocratique?
Le grand bal des vampires continue
Depuis une décennie, bon nombre de nos citoyens ont opté pour la
stratégie culturelle de survie, celle du «Nirumveko» ou «va voir ailleurs si j’y suis ». Ce reflexe lâche et antipatriotique est le
terreau fertile qui cultive la pathologie politique et les dérives fascistes de ce régime.
Peuple éprouvé, croyez-vous vraiment que
l’insoutenable effet de cet impôt direct provoquera une juste colère ?
Depuis que Nkunziza est au Pouvoir, la Nation burundaise est souillée par une boue de sang. Si nous n’agissons
pas très vite et très fort, la fiction électorale en cours de montage sera une amère réalité avant 2020.
Car cette campagne électorale appelée référendum va empoisonner,
asphyxier et projeter une ambiance de frayeur
qui rappellera à tous ceux qui souffrent et tous ceux qui ont vu les
autres souffrir que l’esprit malin de Nkurunziza et de sa clique peut
les dévorer à tout moment.
A trop explorer la question, on finit par admettre que
l’immobilisme de beaucoup face aux crimes et aux humiliations des autres est à l’origine de cette contribution imposée que
l’esprit de résistance se plait à appeler
la
taxe Koma Musosi ! In fine, ce lourd tribut est
le prix de notre silence et de notre inertie.
En peu de mots, le peuple burundais se retrouve face à des esclavagistes politiques
qui abusent de cette volonté profonde
de sauvegarder la paix et la réconciliation nationale implantée par
l’Accord d’Arusha pour continuer à agir de façon irraisonnée et brutale.
Mais
peut-être avons-nous tolérer trop longtemps l’intolérable au point d’être castrés au sens propre comme au sens figuré.
Face à l’effondrement psychologique et économique du pays, face notre propre faillite morale
et la débâcle financière à venir, s’indigner ne suffit plus.
Peuple anesthésié, le vampire a pour habitude de prélever son
repas sur des animaux endormis…Alors par conviction ou par opportunisme, levons-nous !
Mon cher Monsieur, tu es malade, vas te faire soigner, il n'est peut-être pas trop tard. Le Burundi continuera son bonhomme de chemin n'en déplaisent tes élucubrations et nous ne te demanderons pas ton avis. Turazi iyo twavuye, turazi iyo tuja, les chiens aboient, la caravane passe...
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